samedi 4 juin 2011

Flashback : Prématurité et césarienne

J'ai retrouvé l'ébauche d'un article que j'avais écrit quand j'étais encore à l'hôpital :

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/!\ Cucul larmoyant inside /!\

La Picoussette est née avec 6 semaines et demi d'avance, à 34.5 SA, elle fait donc partie de la grande famille des prématurés.
Juste après la césarienne, elle est partie pour les soins, puis a été mise sous couveuse dans le service néonatologie. Merci seigneur, le service est dans le même hôpital. Ca me permet donc d'aller la voir quand bon me semble, mais pas si facile que ça dans les débuts avec la césarienne.
Quand je me suis "réveillée" (on ne peut pas vraiment dire que j'ai dormi) le lendemain matin, post césarienne, c'était perturbant. Comme si tout ce qui venait de se passer n'était qu'un rêve. Tu te réveilles, tu touches ton ventre comme à l'habitude pour sentir un petit coup de pied ou autre, mais il est "vide", et tu n'as rien pour te rattacher à ce vide dans un berceau à côté de toi vu que ton bébé est en néonat.
C'est un peu traumatisant. Tu sais ce qui s'est passé, mais tu ne réalises pas. Tu ressens un grand vide que tu ne peux pas combler, puisque tu es seule dans ta chambre, tu entends pleurer le bébé de la chambre voisine, et là tu te sens mal.
J'étais au niveau -1, la Picoussette au niveau 3, pas si loin, mais ça semblait insurmontable le premier jour. Du coup, gros sentiment de culpabilité dans le genre "ma fille est là haut, et j'ai même pas la force d'aller la voir, je la laisse toute seule...". J'ai donc essayé d'y aller en fauteuil roulant avec El Padré, on y est restés 2mn et on est repartis vite fait car j'étais entrain de faire un malaise.
Quand je l'ai vue, ça m'a fait bizarre. Ce qui était la veille encore dans mon ventre était là, devant moi, mais c'était comme si on me présentait un étranger. Bien sûr, je savais que c'était ma fille, mais le lien n'était pas évident, parce que je ne réalisais pas encore qu'elle n'était plus dans mon ventre. D'ailleurs, dès qu'il y avait la moindre manifestation dans mon ventre (gaz, organes se remettant en place, etc...) je posais la main dessus, machinalement, essayant de sentir ma progéniture.


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Je relis ça aujourd'hui, et je me souviens comme c'était difficile...
Pour terminer le récit, jour après jour, on retrouve des forces, et surtout de la mobilité. Le 2ème jour, je suis retournée la voir avec El Padré, toujours en fauteuil, et ce n'est qu'au 3ème jour que je suis montée seule la voir,en marchant comme une grande. Je ne suis pas restée longtemps, mais j'étais fière de moi. D'ailleurs, les infirmières voyaient que je faisais beaucoup d'efforts pour me bouger et elles me disaient "Vous allez voir, ça va payer, plus vous bougez, moins vous aurez mal" et c'était vrai. Même si les premiers jours c'était une pure galère, au bout d'une semaine je n'avais quasiment plus mal, et au bout de 2 semaines, c'est comme si je n'avais même pas été "césariennée".
Tous les jours, je passais donc de plus en plus de temps auprès de ma Picoussette, j'apprenais à la connaitre et à assimiler le fait que ce soit cette petite mignonne qui était dans mon ventre. Avant qu'elle n'arrive, j'avais peur de ne pas pouvoir la prendre dans mes bras (parce que les bébés, ça me fait peur), et finalement, ça s'est fait naturellement.
Les derniers jours que j'ai passés à l'hôpital, je ne restais dans ma chambre que pour dormir la nuit, manger, et tirer mon lait. Le reste du temps j'étais en néonat et je m'occupais de ma fille.

En bref, les premiers jours étaient extrêmement pénibles à cause du traumatisme de la césarienne en urgence, le fait que ma Picoussette soit en néonat, faible et branchée à tous plein de trucs, et mon manque de mobilité. Heureusement, le personnel soignant de l'hôpital était super opérationnel et à l'écoute, ça fait du bien de voir des gens empathiques et impliqués.
Si je fais une deuxième fournée voire plus, je retourne à l'hôpital de Montmorency les yeux fermés. Même si les chambres sont un peu petites et pas fashion, il y a un service top qualité et ça, ça n'a pas de prix.

Outre le service professionnel de l'hôpital, j'ai eu le droit a un super soutien de mes proches, et je les en remercie. Parce qu'au delà du fait que tu sois traumatisée de ton "accouchement", en plein baby blues et sans ton bébé, tu as en plus le droit a des interrogatoires sans pincettes de certaines personnes, qui te remuent le couteau dans la plaie, que dis-je, qui te replantent un nouveau couteau dans la plaie à chaque fois. Et même si ce n'est que de la maladresse, un couteau, ça fait mal... 
Donc merci à vous, les gens qui m'ont épaulée et aidée, de près ou de loin. Je n'aime pas montrer mes émotions (dans la limite du possible...), ça ne s'est donc peut être pas vu, mais cette expérience a été vraiment difficile, et je pense qu'elle a été plus supportable grâce à vous.

Merci.

Avec le recul, j'en retire quand même du bon de cette expérience. Déjà, c'est notre premier bébé, donc on n'a pas de comparaison possible avec un accouchement "normal". De plus, on a bénéficié de super conseils et d'une formation poussée pour apprendre à prendre soin de la Picoussette. Et surtout, on l'a tellement attendue et espérée à la maison que lorsqu'elle se réveille en pleurs la nuit, ou encore quand il faut changer sa couche pleine à ras bord, c'est un plaisir d'avoir à nous occuper d'elle.

4 commentaires:

  1. chibidoramichan4 juin 2011 à 22:36

    Ahlalalalala miss tu m'as projeté 2 mois en arrière !!! ya même des larmes qui me sont montées aux yeux parceque tu sais pourquoi ;) (la néonat en moins et j'applaudit ton courage!! )
    J'imagine comment tu as été retournée !! ainsi que le papa bien sûr !!
    Une césarienne même si on sait qu'on va l'avoir (et tout le blabla qui vient avec) c'est jamais facile !! On est jamais vraiment préparé !!
    T'as été super courageuse parce que tu es une super maman et ta picoussette te remerciera plus tard :)
    Gros bisous à vous 4 !!
    (et ouais j'oublie pas le "grand frère" lol)

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  2. C'est vrai, on n'en a jamais parlé mais je t'ai trouvé super courageuse, El Padré aussi à son niveau. Vous avez toujours mis en avant votre grand bonheur et n'avez jamais montré vos souffrances. Picoussette peut être très fière de ses parents... Ils assurent "grave".
    Mamie D.

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  3. Bravo pour cette leçon de vie. Beaucoup de courage et d'amour vous ont permis de surmonter cette épreuve. Picoussette a bien compris qu'elle peut vous faire confiance, c'est sans doute pour cela qu'elle est si calme. Elle est consciente que vous veillez sur elle et qu'elle n'a rien à craindre. Je suis admirative. Pour quelqu'un qui avait peur des bébés, je dois dire que tu m'impressionne par ta sérénité. Bravo à tous les deux. Et maintenant, place à l'avenir et au bonheur de voir grandir Picoussette.
    Mamie M.

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